jeudi 27 octobre 2011

où je suis (les tartelettes de l'amoureux)

(m. me manque)


Elle vit dans un monde imaginaire. Elle ne sort jamais -sauf quand elle est vraiment obligée- et préfère son fauteuil près de la fenêtre que n'importe quelle soirée dehors avec du monde, du bruit, des étincelles. Elle voudrait sa vie calme, lisse, reposante. Une vie qui laisse de la place pour tout ce qu'il y a à l'intérieur. Ce qui est vraiment important pour elle. Ce qui ne se voit pas.


Elle pourrait rester des heures à compter les gens qui passent sous son balcon, comme si chacun d'entre eux avait quelque chose à lui dire, quelque chose de silencieux, de précieux. Qui comprendrait que l'on apprend à connaître les autres, aussi en les regardant?


Sa vie du dedans est bizarre. A la fois triste et belle, pleine de regrets et d'envies, de souvenirs et de chimères. Une vie à elle banale -c'est du moins ce qu'elle pense, et la solitude ne fait que renforcer ça. 


Des photos de la mer, des rêves réalisés placardés aux murs pour ne pas oublier que cette vie peut exister, en essayant un peu. Et puis elle se replonge là, au fond, au plus loin. Qu'on ne vienne pas la chercher. Des fois, elle n'est plus là. Une absence discrète. Pour mieux revenir.
Elle n'aime pas sortir. Elle aime voir les autres, de loin. Les entendre parler d'eux, de ce qu'ils sont, de ce qu'ils font. Ca la rassure. 


Dans la réalité, l'amoureux fait des tartelettes -il cuisine encore un peu, surtout des pâtes pour mon plus grand bonheur- qui ont convaincu tous les goûteurs. Il fallait bien partager ça, non?


LES TARTELETTES DE L'AMOUREUX
pour 12 tartelettes environ (ça dépend de la taille de vos moules, évidemment)






pour la compotée : 
2 oignons
1 poire bien mûre
un peu de sucre
1 belle c. à soupe de confiture de chardonnay 
du chèvre mi-sec (ou de la bûche)
une noix de beurre
sel, poivre


Eplucher les oignons, les émincer et les faire revenir dans une poêle avec un petit peu de beurre.
Eplucher la poire, la tailler en petits dés et l'ajouter aux oignons. Faire revenir encore 1min puis laisser compoter sur feu doux, avec un voile de sucre et un peu d'eau.
Quand la compotée a réduit, ajouter la confiture (et encore un peu d'eau si c'est trop épais) et prolonger la cuisson jusqu'à ce que le mélange ait la consistance d'une confiture.
Réserver.


Pour la pâte :
Préparer une pâte à tarte sur ce modèle : 
60g de farine complète
30g de flocons d'avoine
2 c. à soupe d'huile d'olive
un peu d'eau

Préchauffer le four th.7.
Froncer les moules à tartelettes. Précuire 5min à 180°.


Garnir les fonds de tartes avec le confit oignon-poire. Déposer une rondelle de chèvre mi-sec et remettre au four pour 5-6min. Manger autour d'un verre, des gourmands curieux, des gens qu'on ne connait pas -mais ça va venir-, des enfants qui jouent (et qui de toute façon, préfèrent les chips dans des assiettes en carton).

mercredi 26 octobre 2011

Les poires pochées (reviens vite, s'il te plait)

(île de ré, 2010)

Un manteau gris, les cheveux dans les yeux. Elle avait oublié ce que c'était, la plage en octobre. Le vent qui glace, l'odeur de l'eau, les grains de sable qu'elle ne sent pas entre les doigts de pied. Etrange. Voilà ce qu'elle pense de la plage, en octobre. Froide, bleue grise et piquante, la mer comme une soie fine qui tremblerait avec le vent.
C'est beau, elle se dit en frissonnant, mais quand même, il fait vraiment pas chaud.


La chambre où elle dort ces derniers jours est au dernier étage d'une grande maison traditionnelle. Propre et bien aménagée, elle n'a pourtant pas osé sortir ses affaires de la valise pour la faire sienne durant cette semaine. Tout est resté plié soigneusement, et la pièce a gardé son caractère anonyme qui lui convient. Murs clairs, lit en bois sombre, rideaux blancs. Seuls le bureau et le fauteuil semblent lui avoir "appartenus" (elle a beaucoup écrit dans son carnet -quelques cartes postales aussi- et rêvé dans le fauteuil tout doux -velours gris foncé et accoudoirs très travaillés). Chaque soir, elle a aimé plonger dans sa profondeur moelleuse -idéalement situé à côté de la fenêtre.

Le matin, après un petit déjeuner copieux comme ils savent bien le faire, ici, elle a refermé sa valise et refait le lit, pour la dernière fois. Il était temps d'y aller -déjà, enfin, elle ne savait plus très bien- pour retrouver son chez-elle, ses meubles, le parquet qui vit et ses dessins encadrés, son canapé et la rue, vue de la fenêtre de la chambre. Rentrer.

Au retour, il y aura dans la cuisine, deux jolies poirées pochées, un sirop aux épices sirupeux. Comme un bienvenue. Et elle a souri.


POIRES POCHEES AUX EPICES
pour 5 poires qui attendent (déjà) noël

5 poires
750ml d'eau
350g de sucre
1c. à café d'épices à vin chaud (un mélange de clou de girofle, gingembre et muscade)
1 petit bâton de cannelle
1 étoile d'anis



Mettre l'eau et le sucre dans une casserole et porter à ébullition. Baisser sur feu doux et ajouter les épices, puis les poires. Laisser cuire environ 20-25 min (selon la taille de vos poires) en les tournant régulièrement.
Quand les poires sont cuites, les ranger dans une boite hermétique et les couvrir du sirop filtré. Entreposer au frais pour 1 nuit.
Le lendemain, on peut préparer des biscuits au gingembre ou des miettes de crumble pour accompagner. Ou les manger comme ça, arrosées du sirop doré.

(une pensée rose, pour C.& sa tribu...)

dimanche 2 octobre 2011

j'avais promis (gâteau de la reine élisabeth)


Québec. Le temps est doux, le ciel s'est doucement teinté d'un bleu-gris profond, laissant la ville s'assombrir avec élégance. C'est beau. Après une longue balade sur le plancher poli de la promenade dufferin, nous retournons dans le centre ville pour dîner. C'est dans un tout petit café d'à peine une dizaine de table qui propose de quoi se restaurer agréablement à moindre coût, que l'on s'arrête. Les murs sont  en bois brut et clair, j'aime le joli papier glacé transparent aux motifs végétaux que la serveuse dépose devant nous -et qui sert de set de table!- et la carte qui décide déjà du dessert (un gâteau au fromage, évidement). L'amoureux est, dans ces moments-là, toujours un brin plus aventurier que moi. Entre le cheesecake et le petit fromage blanc, il choisit le gâteau de la reine élisabeth bien que rien de puisse nous aiguiller sur sa composition. L'amoureux est un aventurier...
Après une soupe de panais (servie accompagnée d'un petit pain croustillant et de beurre) et p'une part de pizza généreuse, on nous apporte les desserts, dans deux jolies assiettes blanches. Le cheesecake est très bon, la croute assez fine, la garniture moelleuse et peu sucrée. Le gâteau de la reine élisabeth se présente en part presque grossière, un gâteau brun, assez épais et dissimulé sous un glaçage ( où l'on devine des zestes d'oranges). Première bouchée, silencieuse - et surprenante, ce gâteau étant servi chaud- fait sourire l'amoureux. Visiblement, c'est bon.

Les fins gastronomes que nous sommes (...) n'ont pas su reconnaitre le délicat parfum de la gourmandise royale. Ce n'est qu'au retour, habitée par l'urgence de retrouver ce goût de là bas, que la réponse s'est trouvée : ce gâteau est principalement constitué d'un mélange de dattes. On comprend mieux sa couleur brune, sa texture riche et moelleuse, son parfum presque miellé.
C'est ici que j'ai trouvé ce qui me semblait être le plus proche de ce que nous avons mangé à Québec. Sans noix de coco, sans litre d'huile, sans raisins secs. Plus simple.



GÂTEAU DE LA REINE ELISABETH,
pour tout un tas de goûter, de journées à la neige, de thé après le magasinage hivernal

250 ml dattes hachées grossièrement 
250 ml d'eau bouillante 
1 c. à café de bicarbonate 
375 ml de farine 
1 pincée de sel1 oeuf 
65 ml de d'huile et de crème d'amande mélangées (ou la même quantité de beurre)
200 ml de sucre 




Préchauffer le four à 180°.
Mettre les dattes dans un bol avec le bicarbonate et l'eau bouillante.
Mélanger la farine, la levure et le sel. Réserver.
Dans un autre bol, battre l'oeuf, puis ajouter le mélange huile-crème d'amande et le sucre. Bien incorporer (la pâte doit être lisse). Ajouter la pâte de dattes et le mélange de farine, bien mélanger.
Verser l'appareil dans un moule à gâteau beurré et fariné (le notre fait 14x8) et laisser cuire 25 à 30 min.
Manger chaud, de préférence, avec un thé brûlant (ou un verre de lait frais, si on préfère) en écoutant les bruits de l'automne (et les feuilles tomber)


mercredi 7 septembre 2011

M. (Québec & co)

Reprendre l'avion pour traverser l'atlantique m'a paniqué quelques secondes (et les jours d'avant aussi). Et puis finalement, rien. J'adore la vue des hublots, la couche de nuages moelleuse, les terres découpées, sillonnées, colorées tout en délicatesse de vert doré, de brun dilué, de jaune passé.

Après un départ de Paris pluvieux, l'atterrissage à Montréal sous le soleil était deux fois plus joyeux.
La traversée de la ville en bus avec le chauffeur le plus sympa du monde nous a doucement glissé dans l'ambiance. Réjouissante arrivée sur le sol canadien, jusqu'à l'hôtel plus chaleureux et accueillant que ce que l'on avait pu imaginé.
Les rues de Montréal sont jolies (les maisons sont très souvent équipées de jolis escaliers-terrasses aménagées et décorées) et bien arborées. Le centre ville est passé un peu inaperçu tandis que le vieux port et sa balade verdoyante m'a beaucoup plu. Le saint laurent est immense et majestueux, d'un bleu profond et velouté.
(sur le vieux port)

Nous avons beaucoup marché boulevard saint laurent, remonté, descendu, coupé à travers les rues du mont-royal, saint viateur, apprenant à se repérer (est-ouest... tant les rues ici sont longues...), découvrant en vrai les promesses d'une parisienne généreuse en bonnes adresses.

La montée du mont-royal reste marquée par l'énergie des montréalais (qui grimpent au pas de course, encombrés de poussettes, à cloche-pied, chargés de poids ou d'élastique à tendre) alors qu'une montée tranquille ne m'a pas épargné une suée excessive. La vue d'en haut est une récompense -c'est vraiment beau!- et la descente accompagnée des écureuils aussi...

Montréal grouille de cafés où je pourrais passer ma vie (j'adore ça -regarder les gens vivre dans les bistro, si vous aviez oublié...) au charme un peu désuet mais toujours jolis, un peu foutraque ou bricolé, pas cher et sympathique.Nous sommes surtout retourné au Laïka (les montréalais n'ont pas tari d'éloges quand à la qualité des plats servis) où nous nous sommes laissés bercés par la vie montréalaise. Ecouter de la musique, boire des bières et... jaser avec les québécois. Les soirées ont de quoi être chouettes...













Le départ de Montréal nous a rendu un peu nostalgiques -et Québec à suivre avec un avant (mauvais) goût d'Europe.
Le vieux quartier ressemble à des villages français, des ruelles pavées, des boutiques de souvenirs oubliables, et même si c'est mignon, il est difficile d'être séduit. Pour l'instant.

(rue du petit champlain)

Nous mangeons très bien dans un petit restaurant à la lisière du quartier saint Roch, le café du clos penché qui sert une délicieuse soupe carotte-potiron, quenelle de fromage frais et tomates séchées avec quelques croutons juste bien aillés. La suite, une belle assiette de risotto à la betterave et aux blettes crues (mais pourquoi ai-je pris ça?) fini par me plaire -il faut s'habituer au parfum un peu terreux de la betterave, mais l'accord avec les feuilles de blettes qui fondent sous la chaleur du risotto, recouvert généreusement de parmesan fonctionne (et c'est bon, vraiment).
Le soir, c'est un dessert (dont il va falloir parler ici) qui emballe l'amoureux. C'est épais, moelleux, très parfumé et servi chaud. Ce n'est qu'au retour que j'ai su de quoi il était fait -et j'espère y regoûter bientôt...
C'est encore le fleuve qui achève de me réconcilier avec Québec : la promenade du gouverneur sous la lumière d'une fin d'après midi et sa lente traversée de bateaux...

(depuis la promenade des gouverneurs)

Nous avons quitté Québec pour la plus belle étape du périple, de l'autre côté de la rivière Saguenay. Ceux qui connaissent savent ce que nous sommes allé voir...

Un camping juste au bord de l'eau et des rives magnifiques. C'est plutôt indescriptible -des rochers et un fleuve encore plus bleu, sombre, infini- et un spectacle magique de voir des ailerons -et même la queue- de baleines sortir de l'eau. C'est juste assez incroyable pour y passer la matinée (et se lever à 6 heures). 
Reste à faire demi-tour pour re-décoler de Montréal...
La suite -et les adresses,si ça vous dit!- dans un prochain billet (et la recette du gâteau)...

dimanche 4 septembre 2011

...M. (et le reste - encore un mot sans gourmandise)

Enfin. Septembre.
Je suis bien obligée d'avouer que j'aime quand l'été se termine. Quand on se sent libéré, avec cette impression de pouvoir oser, être neuf -même si tout ça n'est qu'une impression.

L'été...
(... a été vide -presque- comme arrêté dans le temps, posé, oublié, retrouvé après la pluie, séché soigneusement puis rangé. je n'aime vraiment pas l'été.)

Les valises se sont préparées deux fois (je n'y aurais jamais cru) pour deux fois une semaine.
La première, pour des yeux bleus, des soirées à fabriquer des moulins à vent, à se souvenir, à être spéciale pour quelqu'un, à raconter des tas d'histoires de chevaliers...

La deuxième, pour vivre quelque chose d'étrange qui nous fait dire que l'on est capable d'être bien ailleurs. Voir ce que l'on ne pensait jamais voir, manger ce que l'on aurait pas cru...
(qui devine où nous étions?)

Juste une petite mise en bouche -je prépare un billet pour vous raconter tout ça- sans recette parce qu'il n'y a pas encore vraiment de temps pour ça (et pour faire des trucs chouettes -pas comme les sushis à emporter qui, depuis le déménagement sont revenus souvent, chez nous...)

Bref, je reprend des forces dans l'automne qui arrive...
A suivre!

mercredi 17 août 2011

D. L. B. J. C. and next...?


Parce que je n'arrive pas à me décider à écrire... Parce qu'il n'y a pas vraiment de cuisine (mais beaucoup de biscuits, de confiture pèche-abricots maison et de tomates du jardin)... Parce que c'est l'été (et que c'est fait pour ne rien faire -ou presque)... Parce que... je ne sais pas...
A la rentrée peut être? Bonnes vacances à vous!

mardi 21 juin 2011

la demoiselle (étrange, étrange)



Sortir sans se coiffer les cheveux était pour elle juste impensable. Elle était coquette, certes, mais mettait un point d'honneur à n'être jamais sophistiquée, ce qu'elle attribuait volontiers à la vulgarité.
Elle aimait profiter des jours entre deux -automne-hiver, jours où la lumière décline, où le temps est déjà frais mais pas humide pour autant. Elle était précieuse et adorait par dessus tout les petites cerises très sucrées que l'on trouvait sur les pâtisseries du bonmarché.


S'il ne fermait pas sa valise ce soir, il avait de grandes chances de ne pas partir, et il le savait très bien. Pourtant, comment choisir entre sa chemise bleue turquoise (celle qu'il portait lors de cette promenade délicieuse sur la plage et qu'il avait d'ailleurs tachée de glace), son tee-shirt qui faisait si bien ressortir la couleur de ses yeux ou ce polo vert d'eau à rayures tellement agréable?
La valise restait ouverte.

Le paquet qu'elle rapporta à la maison ce dimanche là avait la particularité d'être bien garni. En effet, elle avait de la visite et avait prévu de quoi gâter ses amis. Millefeuille au chocolat, tartelettes aux prunes (elle n'avait définitivement pas su résister au parfum des fruits sucrés, imaginant déjà le sirop savoureux qui aurait impreigné la pâte), un baba au rhum (surtout pour la cerise).
En arrivant chez elle, elle rangea toutes ses trouvailles sur le rebord de la fenêtre -il était bien frais et ombragé- et vaqua à ses occupations.


Le tee shirt. Enfin. La chemise. Non. Enfin... Si.
Il retira les trois (qui empêchaient de toutes façons que tout cela ferme) et s'assit sur la valise.


Les pâtisseries eurent du succès, comme le rôti aux poires et les tagliatelles, le plateau de fromages et les bouchées tellement mignonnes qu'elle avait servi à l'apéritif.


Il s'était endormi dans le train, n'ouvrit un oeil qu'à Bruxelles, imaginant les gaufres qu'il pourrait enfin goûter, le chocolat (il en rêvait depuis des nuits).
Il descendit sur le quai. C'était une belle journée. Déjà.


...


En attendant autre chose, il a préféré la simplicité.
Quelques fraises (dodues, sucrées, bourguignonnes et délicieuses), un peu d'eau, du sucre qui compotent doucement. Mixer : la purée doit être à peine épaisse, comme un coulis, à faire épaissir avec un peu d'agar agar. C'est très flou, n'est ce pas? C'est comme ça.
Il a osé ajouter une petite feuille de basilic (mais son goût s'est perdu sous celui assez appuyé des fruits). C'est à voir.
Quand le coulis de fraises est pris (1 à 2h au frigo devrait suffire), il proposa la minuscule coupe avec un petit-suisse et un filet de sirop d'agave -ou de sucre, tout simplement.


C'est l'été ou presque -et je n'arrive pas à faire grand chose. Si je peux (et si c'est bon), je vous parlerais des petits pois (c'était pas mal la dernière fois).



(merci d'être encore là! - merci M. de m'avoir convaincue, un dimanche ensoleillé de pique nique à publier, encore un peu)